Interview paru dans UR15

Babylon Circus

Comme demandé le mois dernier par le trio de feu, voici ce mois-ci les étoile montantes : mesdames et messieurs les ténors de Lyon, dans la fournaise des Tontons Flingueurs en cette fin octobre on se serait cru en août à Ténérife ; cent cinquante degrés dans le public et une clique de clowns tout cuits pour répondre à nos questions.

Unity Rockers : Aller hop ! Un petit historique :
David : ça fait trois ans qu'on joue. De la formation initiale il reste Manu (batterie et chant), Raf (basse), Raf (Sax), Trambert (trompette), Yasmin la chanteuse absente ce soir et moi (David) à la guitare et au chant. Vincent nous a rejoint un an après pour jouer des claviers, du mélodica, chœurs, percussions. Un an plus tard Laurent, qui joue du trombone et ??? qui est un ami de Vincent se sont joint à nous à l'occasion de l'enregistrement de l'album, il y a déjà un an. Au cours de ces 3 ans des clowns se greffés à la formations. Le nombre a varié entre 1 et 3 ; aujourd'hui Juliette est seule.

U.R. : Juliette qui fait bouger le public, elle est plus pour chauffer la salle ?
David : dans un bar ce n'est pas pareil, c'est un peu plus rock'n roll. Sur une scène elle a plus les moyens de se mettre en valeur, de faire des choses très visuelles. Là seules les trois personnes devant la voyaient. Sinon elle brasse le public. Manu : Elle met le speed, dans les bars, elle va faire bouger les gens, elle met bien le feu, …
Vincent : quand ce sont des salles plus grandes, plus hautes de plafond, elle fait du swinging, des échasses, plein de choses comme ça.

U.R : les textes sont clairs, ils tapent tous azimuts, qui se chargent de les écrire ? David : c'est Manu, notre batteur.
Manu : on écrit ce qu'on pense et c'est ce qui nous tient le plus à cœur. C'est la vie ensemble sur la Terre. On tourne un peu, on voyage, on voit plein de choses, on dit tout simplement ce qu'on a vu. On ne veut pas prêcher la bonne parole, on n'est pas des militants d'une cause ou d'une autre. On dit comment ça se passe et on montre où ça ne va pas. Notre point de vue, on le crie haut et fort. Croire en ce qu'on dit, ça joue pour beaucoup à mettre le feu dans une salle.

U.R. : en écoutant l'album, on s'aperçoit que vous faites souvent référence à l'Afrique …
David : c'est vrai sur l'album, sur scène un peu moins. Manu : c'est vrai qu'on en parle parce que ces choses nous tiennent à cœur. En France il y a pas mal d'africains, de magrebins. Quand tu vois dans quel état est l'Algérie aujourd'hui, c'est une chose dont il faut parler, ça urge ! Bien sûr, il y a l'Amérique du Sud et d'autres endroits, mais nous on est de l'autre côté de la Méditerranée et la France a encore une bonne part de responsabilités dans la merde où se trouve l'Afrique. Vincent : cette chanson ("Derrière l'amère") elle dit qu'on est tous des fils de manouches, on est tous des cocktails. Personne en France ne peut se prétendre 100% français. Dans le groupe on trouve des origines en Afrique, en France, en Europe de l'Est, en Hollande, …

U.R. : Sur Lyon, comment ça se passe ?
Manu : sur Lyon au plan musical on trouve quelques bonnes salles.
David : Il y a un choix de salles de toutes tailles. Il y a pas mal de MJC, de petites salles associatives, des endroits bien sympa (faudra donner vos adresses : ndlr).

U.R. : les autres groupes lyonnais ?
David : Bien sûr, la référence du Ska à Lyon c'est les Crazy Skankers (silence radio : ndlr).
Vincent : des psychobilly, des potes à nous : les Mystericals. Il y a vraiment pas mal de groupes ; certains avec lesquels on s'entend bien et d'autres avec lesquels on ne s'entend pas.
David : au niveau du brassage, Lyon est une très grosse ville avec une bonne vieille mentalité de merde. C'est assez chaud de croiser des gens avec lesquels tu t'entendes vraiment.
Manu : c'est une ville où il y a une ambiance un peu tendue. Une grosse communauté de bourges et hautaine et une grosse communauté de magrebins qui sont bien agressifs et nous, on est entre les deux feux. Et le contenu des textes reflète un peu le climat où tu es agressé en permanence. Il y a quand même de bons petits réseaux sur les pentes (?), mais le mec qui débarque à Lyon, il est perdu et se ne se fait pas de potes avant un bon moment.
Vincent : Dans la rue, les regards soit s'affrontent, soit s'évitent, mais jamais un regard ouvert ou neutre. Moi je ne suis à Lyon que depuis trois ans et c'est un truc qui est flagrant. J'ai mis un an à connaître des lyonnais.
David : en fait dans le groupe il n'y a que trois lyonnais sinon on vient de Roanne, d'Albi…

U.R. : vos influences musicales ?
Vincent : on dit toujours qu'il y a de tout mais c'est vrai, il y a du Ska bien sûr, il y a du punk, …
David : Le guitariste joue dans un groupe de Hardcore à Albi qui s'appèle les NemLes. A la limite on ne peut pas dire qu'il y en ait qui soit branché que Ska à fond. Personnellement j'en écoute vraiment beaucoup, mais j'écoute aussi plein de choses.
Manu : on écoute bien de tout. Chacun essaie d'écouter le plus possible de trucs différents pour faire une musique riche. On vient en plus de secteurs musicaux différents : il y en a qui écoute du Punk, d'autres du Jazz, certains de la techno, notre tromboniste est aussi tromboniste à l'opéra de Lyon, orchestre national machin bidule … Même nous, on écoute aussi du classique, de la musique africaine, arabe, tu me dis n'importe quel style, on l'écoute ! Sauf … pas respect les boyz band.

UR. : Et pour vous, il y a quand même un modèle à suivre, en ce moment ?
Manu : Ce qui nous fait plaisir c'est qu'il y a pas mal de bons groupes qui sortent comme Gnawa, Spook, Zebda, etc. Mais on ne peut pas vraiment parler de modèle… A chaque fois qu'on rencontre des bons groupes, on regarde à fond comment ils marchent, comment ils travaillent, on prend une bonne claque au concert, on se met dans un coin on écoute et on regarde les balance aussi. On prend un peu tout le mode comme modèle, certains étant plus vieux comme les Barbarins fourchus (de Grenoble) ou les Barons du délire.
Vincent : ce sont des mecs qui font ça depuis des années et qui ont encore la foi dans le Rock 'n Roll, alors que d'autres jouent toujours et sont vendus jusqu'à l'os.

U.R : Et est-ce que Babylon Circus s'exporte, en Suisse par exemple, ce n'est pas loin de Lyon ?
Vincent : on a failli et on est tombé juste avant la frontière.

U.R : un petit mot pour la fin :
Vincent : Special fuck dédicace au Viking du Mans qui ont un tiroir-caisse à la place du cerveau.
Manu : Special positive dédicace au Bouffon à Clermont, aux Tontons Flingueurs de Rennes aux Barbarins de Grenoble et à toutes les assos qui font bouger le truc.
David : Et vive le Rock 'n Roll ….

Et hop ! La fête continue, la tête sur les épaules. La prochaine fois c'est en plein air ou dans une grande salle qu'on ira admirer les acrobaties de Juliette par ce que là le plafond était un peu bas. Nouvelle adresse pour les joindre : BABYLON CIRCUS c/o Mobiloes Incruste - 5 rue Imbert Colomès - 69001 LYON. (tel : 06 14 49 61 01). Et l'album CD est toujours en ventre pour 75 fr. PC.