Interview paru dans UR09
Crazy Skankers
Juste un mot au début, une interview à la suite. Les Crazy Skankers, quoi qu'ils en disent sont somme toute assez discrets par chez nous. Pourtant ils ont des choses à dire alors en vrac on leur cause de leur passé, de leur présent immédiat et de leur futur proche mias aussi de chose plus générales mais pour le moins inquiétantes.
U.R.: Y a vraiment plein de trucs tout
nouveau dans cette première partie de votre set, vous testez de
nouvelles chansons ?
Jean (chant) : Ben ouaip, il y a des
morceaux qu'on a bossé y pas longtemps, qui ont commencé à
tourner et qu'on a intégrer au set, et il se trouve que ça le
fait bien sur scène. On s'aperçoit qu'on a du plaisir à les
jouer, quand on les joue bien et qu'ils passent bien au niveau du
public. Je pense que le set, pour le moment va rester un peu
comme ça comme ça.
U.R.: Vous n'êtes pas déçus par le
public ce soir ?
Jean : Sur ce qu'on a vu lors de la
première partie,
. Si on les pousse un peu plus, sur la
deuxième ça devrait décoller.
Karine (chant) : Si, si je pense que le
public est réceptif, il faut un petit moment pour s'adapter et
ça va partir.
U.R.: Un 'tite présentation du groupe
par lui même
Jean : je suis chanteur et dans le groupe
actuellement nous sommes neuf et puis je vais laisser Karine le
présenter.
Karine : Karine, je chante, Nous avons
donc Skargo au baryton, Jean-Yves au sax ténor, Yves à la
guitare, Laurent à la basse, David au claviers, Franck à la
batterie et notre trompettiste Boubou qui n'est pas là ce soir.
Jean : Et Jean Louis, notre sonorisateur
pour la première fois ce soir.
U.R.: Pour moi les Crazy, c'est un
groupe à part par rapport à la scène Ska française. Vous
intégrez beaucoup d'influences que d'autres ont mais pas aussi
marquées
Jean : Les Skar
[restez poli, s'iou
plait, ndlr] , au début, disaient de nous qu'on étaient les
américains du Ska, je ne sais pas à quel niveau
U.R. : Ta voix sans doute, qui tranche
complètement avec celles qu'on entend ailleurs ?
Jean : Ma voix ! Je prends ça comme un
compliment [c'en est un, ndlr] En fait on a joué avec pas mal de
groupes quand même comme les Kargol's, les RWMS. Chacun amène
des influences, peut être les nôtres sont un peu différentes
mais on ne se sent pas vraiment à part. A part certains groupes
qui ne nous apprécient pas et qu'on apprécie pas en retour.
Quand on a l'occasion de jouer avec des groupes de Ska ça le
fait bien. On est des potes avec la majeur partie de groupes du
Sud qu'on a rencontrés et puis avec les derniers qu'on a
rencontré comme la Ruda Salska.
U.R. : Un petit historique, les
créations, les sorties
.
Karine : on tourne depuis 1992 à douze
au départ, maintenant on est neuf à tourner. Les créations ! Y
a Wayo et le 4 titres et puis, en préparation peut être un six
titres, on va voir. On est en train de bosser dessus.
U.R. : : en autoprod toujours ?
Jean : Je pense, ouaip, qu'on va
reprendre la formule, de la souscription. Elle avait bien marché
pour le premier, pour le deuxième on n'avait pas souhaiter le
faire. On verra, avec les maquettes on ira voir s'il y a a des
labels qui sont intéressés.
U.R. : Vous jouez beaucoup ?
Jean : Pas autant qu'on aurait voulu,
mais c'est dû à beaucoup de choses, aux occupations de tout le
monde dans le groupe. On joue assez, tous les week-end on est
partis, deux ou trois soirs, ça fait assez. On verra bien par la
suite comment ça peut se goupiller.
U.R. : Quelles sont les influences de
chacun, parce qu'il y a vraiment énormément de choses dans
votre musique.
Karine : C'est parce qu'on est nombreux
à la base ; avec chacun des goût musicaux et on mêle tout ça
et les morceaux se créent à plusieurs ; avec les influences et
les idées de tout le monde et ça me donne presque tous le
morceaux qu'on a. Jean : tu veux des noms, tu vas les avoir. Ça
part du Rap en passant par le Reggae, le Ska jusqu'à des trucs
Hardcore. Voilà quoi. Des groupes comme les Toasters, No Sports
-ils jouent encore, la formation a changé mais ils jouent
toujours- et puis bien sûr les vielles influences comme le
Reggae Roots, Bob, Peter Tosh, Jacob Miller et tous le bons vieux
groupes de Ska.
U.R.: Sur scène vous arborez le logo
" Ska against racism ", toi, Jean, tu es un des seuls
black du ska français vous êtes en pointe
Jean : C'est vrai que chaque fois qu'il y
a un festival de Ska, où il y a 3 ou 4 groupes à jouer je me
retrouve souvent le seul black, même dans la salle. Je ne sais
pas à quoi c'est dû. Moi je suis arrivé en France en 91, je ne
peut pas savoir dans quelle mesure le Ska été écouté dans les
banlieue, c'est vrai que j'aimerais bien en voir un peu plus, je
me sentirais un peu moins seul.
David (Claviers) : Il faudrait que le
monde Reggae fusionne un peu plus avec le Ska, parce que pour
l'instant ce sont deux mondes assez séparés. Les blacks
traînent plus dans les trips Reggae/Rap/Ragga.
Jean : En France on sent vraiment cette
séparation entre les deux. Il y a des personnes, tu leur dis
Ska, tu leur dis Reggae, pour eux ce sont deux musiques qui sont
une suite logique l'une de l'autre. En Angleterre le mélange se
fait plus parce qu'il y a une forte communauté jamaïcaine.
L'implantation du Ska et du Reggae en Angleterre est beaucoup
plus profonde. En France, les gens qui ont eu accès à la
musique jamaïcaine via l'Angleterre étaient plutôt des classes
moyennes, c'est une explication historique à la mords moi le
nud, mais je pense que c'est un début d'explication.
U.R (à Jean) : Vous jouez depuis 92,
c'est toi qui es à l initiative de la chose ?
Jean : Ah n on, j'ai pris le train en
marche. Je suis arrivé en France en septembre 91, j'ai intégrer
le groupe en Octobre 91 parce qu'ils cherchaient un chanteur et
que j'avais vu des annonces à la fac,. J'ai contacté Laurent-,
je suis allé les voir et ça me plaisait. Je faisait un groupe
de Reggae au Sénégal, j'avais envie de continuer et, de toutes
les annonces que je voyait c'était le seul truc où je pensais
me sentir bien. Finalement je ne regrette pas.
U.R. : On a beaucoup entendu parler de
l'université Lyon III pour des histoires louches, vous étiez
où et vous faisiez quoi à l'époque ?
Jean : Il y avait une certaine
résistance qui s'est faite avec des groupes qui organisent un
combat contre ces mecs là qui sont vraiment bien implantés là
bas, avec la complicité tacite du président de l'université
qui ne veut prendre aucune sanction à leur encontre et qui dit
que les gens auxquels cela déplait n'ont qu'à porter plainte.
Il s'en lave les mains et les gars se croient autorisés à faire
tout ce qu'ils veulent. Et récemment, il y a un mec qui a lancé
une grenade d'entraînement militaire, une grenade à plâtre
contre deux minettes qui distribuaient des journaux de Ras
l'front. L'affaire est en cours, on va voir si les types vont
prendre quelque chose. Ce sont des trucs comme ça qui se
passent, soit des locaux de syndicats universitaires qui sont
saccagés ou des actions du genre de la grenade à plâtre.
U.R.: Vous êtes en plein dans la
tourmente Million, à Lyon
David : je pense qu'on en parle beaucoup
à cause du FN, c'est bien mais de toute façon Million c'est
charlot et il ne faut pas qu'il reste à Lyon. C'est un blaireau.
U.R. : La scène Ska française
commence à partir très fort, vous, ça fait six ans que vous
jouez, ça vous fait quoi ?
Jean : Ça fait chaud au cur, on en
discutait avec les Skaferlatine, de Metz qu'on avait rencontrés
en 92 à notre premier festival Ska à Sainte. Et on se disait
que depuis Sainte, des groupes se montés, qui tiennent la route
et qui font de la bonne, zique avec une bonne énergie et de
bonnes idées derrière. Ça fait plaisir, on se sent moins seuls
quand on tourne.
U.R.: Ben justement, les Skaf', depuis
92, ils ont sortis 3 albums, les Crazy Skankers n'en ont sorti
qu'un plus un 4 titres, vous n'êtes pas amères ?
Jean : Amères non, parce que les
objectifs n'étaient pas le mêmes, ni a façon de travailler, ni
la façon de voir la zique. Les trajectoires ne sont pas le
mêmes non plus. Les Skaf' ne font que ça, ils sont tous
intermittents. Chez les Crazy ce n'est pas que ça. Tout le monde
a une occupation à côté. C'est vrai que certains côtés de la
zique en souffre, on en est conscients.
David : C'est à double tranchant. D'un
côté le fait de ne vivre que de la zique apporte de la
stabilité au groupe, mais d'un autre, par rapport aux
Skaferlatines, nous on avait pas le matériau musical suffisant
pour enregistrer trois albums.
Jean : Et on n'avait pas non plus la
maturité qu'on voulait mettre sur un disque. Sur notre premier
on s'est rendu compte qu'il y a pas mal d'erreurs. On l'aime bien
et on le revendique, mais aujourd'hui, si on devait le
réenregistrer on ne le ferait pas comme ça.
U.R.: Le quel d'entre vous quitte le
plus souvent la réalité et pas forcément pour aller
crazyskanker ?
Laurent (basse) : Très régulièrement
mais sans l'aide d'artifices particuliers.
David : Le concert, c'est un bon lieu où
tu peux te lâcher. Enfin faudrait qu'il y ait cette ambiance de
fête systématiquement.
Jean : Toute la semaine tu stresses, ton
boulot, tous les problèmes de la vie, de la société et le
droit de s'amuser le soir on ne te l'enlèvera jamais. Parce que
ce n'est pas en Afghanistan que les petits jeunes iront à un
concert de Ska, alors ici il faut y aller à fond. C'est le
message d'une de nos chansons qui s'appelle " Free "
qui dit qu'on est là, qu'on vit grauit [ou presque, ndlr] autant
en profiter un max.
U.R. : Un mot pour finir
David : Un message de fête pour les
concerts et surtout après les concerts. Parce que trop souvent,
on fait des concerts qui s'arrêtent à 1 heure et s'était fini,
les gens partaient. On pourrait faire des fête de Ska ou de
Reggae et rester avec tous les gens qui viennent nous voir. Jean
: Je voudrais d'abord citer la bible [c'est rare dans UR, ndlr]
pour justifier ce que je vais dire après. Dans la bible il est
dit "Veille car tu ne sais point si ton seigneur (saigneur
?) reviendra." et mois j'ai envie de dire au gens en France,
" Restez vigilants, gardez les yeux ouverts car vous ne
savez pas quand le F.N. va nous enculer ".
Ben voilà encore qui a le mérite d'être clair et sans complexe. Il s'en passe des choses au pays de la rosette, Etonnant non !